mercredi 14 décembre 2011

Top 14 - Castres : Andreu comme chez lui au CO



                   


Non conservé par le RC Toulon à l’arrivée de Philippe Saint-André en 2009, c’est avec le Castres Olympique, où il a d’ores et déjà rempilé jusqu’en 2014, que l’atypique ailier au gabarit de poche (1m71 pour 77 kg) s’est affirmé au point de goûter à l’équipe de France dès 2010. Mais à (seulement) 26 ans, et malgré une fracture de la cheville droite qui le laissera éloigné des terrains jusqu’à fin janvier, Marc Andreu n’entend évidemment pas en rester là et se pose plus que jamais en compétiteur, aussi décidé qu’ambitieux, sur tous les fronts.


Les propos de Marc Andreu sont tirés d'une interview accordée à notre magazine SPORTMAG. Vous pouvez retrouver l'intégralité de cet entretien dans les colonnes de SPORTMAG n°39, actuellement en kiosque ou dès maintenant en version numérique.



Un mot, pour commencer, du bon début de saison de Castres (3e après dix journées avec sept victoires) en Top 14…

On en est globalement content même si nos deux défaites d’affilée face au Racing Métro (12-18) et à Bordeaux (9-24) avant d’attaquer la Coupe d’Europe (le 12 novembre chez les Gallois de Llanelli) ont un peu terni le tableau. Mais on avait gagné sept matches consécutifs avant ce coup d’arrêt. Notamment contre Toulouse chez nous (24-3) et trois fois à l’extérieur. Il ne faut donc pas faire la fine bouche. On aurait signé des deux mains pour un tel parcours au départ.



Pourquoi la machine s’est-elle grippée et comment rebondir ?

A force d’accumuler ces succès, on en est peut-être arrivés, plus ou moins consciemment, à se relâcher. Dans ces cas-là, on a tendance à se dire que c’est facile et normal d’enchaîner, ce qui est humain, mais le terrain et les adversaires sont là pour te ramener à la réalité. Le Racing est venu nous mettre une piqure de rappel à Pierre-Antoine. Et on n’a pas su réagir à Bordeaux en étant à côté de la plaque dans tous les secteurs. Notre chance, c’est que le Top 14 s’arrête pour deux tours de Coupe d’Europe et qu’on est prévenu. Là, il faudra hausser le niveau sous peine de prendre encore plus cher.



                                                     « On ne peut plus se cacher »



Quid des ambitions du CO sur le front européen, justement, cette année, sachant que les Irlandais du Munster et les Anglais de Northampton, outre les Scarlets, constituent pour le moins de gros clients d’entrée de jeu ?

Le but, c’est de faire le mieux possible. Mais il faut être réaliste : ce sera très dur de s’extirper d’une poule aussi relevée ! On ne présente plus le Munster (quatre finales pour deux sacres) et Northampton (deux finales pour un titre) depuis longtemps. Et Llanelli, avec sept joueurs dans le squad demi-finaliste du Mondial, est paraît-il le maillon faible. Mais pourquoi pas créer une belle surprise ? Pour y arriver, il faudra tout gagner à la maison. C’est notre premier objectif... et on pensera au second, à savoir une éventuelle qualification pour les quarts, en temps voulu.



Et concernant le Top 14 ? 5e de la saison régulière et barragiste (battu 35-12 à Toulouse) en 2010, 3e et à nouveau barragiste malheureux (17-18 à domicile contre Montpellier) en 2011, vous devez aspirer à franchir au moins un cap supplémentaire, non ?

C’est vrai qu’on ne peut plus se cacher après ces deux bonnes saisons qu’on vient de faire. Il y a logiquement une grosse envie de se hisser au moins en demi-finale après deux « faux quarts » d’affilée quand on a l’esprit de compétition. Mais on sait qu’il est primordial de terminer dans les six premiers pour se qualifier et peu importe la place pourvu qu’on finisse dans ce wagon : voilà notre première ambition. Après, en phase finale, tout est jouable. Mais ce n’est pas parce qu’on s’est ratés chez nous contre des Montpelliérains en pleine euphorie la saison passée que l’on se privera de finir dans les quatre si ça se présente. L’idéal serait bien sûr d’accéder direct aux demies. Mais s’il faut repasser par un barrage, autant finir 3e ou 4e pour jouer à la maison. Je reste persuadé que c’est un avantage même si l’on n’en a pas profité la saison dernière.



                                                   « Libre et responsabilisé »



Votre sentiment sur le recrutement limité et peu clinquant (neuf arrivées avec l’ailier ou centre écossais Max Evans en unique tête de gondole) du CO à l’intersaison ?

Pour espérer faire des résultats sur la durée, il faut un minimum de stabilité au sein du groupe. D’où ces renforts en petite quantité et très ciblés. Derrière, Max va nous apporter un gros plus par sa polyvalence, son talent et son expérience internationale. Idem, en termes de fraîcheur et d’état d’esprit notamment, avec Kockott (neuf-buteur, ex-Sharks), Lacrampe (demi-de-mêlée, ex-Auch), Tales (demi d’ouverture, ex-La Rochelle), Lakafia (ailier, ex-Toulouse) ou Lamerat (centre, ex-Toulouse) même si ce dernier (genou) vient hélas de rechuter. Devant, bien que je sois moins calé, ça semble assez solide, avec Mach (talonneur, ex-Agen), Taumeopeau (pilier, ex-Toulou) et Wihongi (pilier, ex-Sale), pour renforcer efficacement un pack déjà énorme.



En quoi les deux Laurent, Labit et Travers, sont-ils « les entraîneurs entraînants » que les joueurs louent quasi-unanimement ?

Ils ont un gros côté humain que d’autres coaches n’ont pas ou ont peut-être perdu, en cours de route, avec le professionnalisme. La barrière entraîneur-joueur est là, bien sûr, mais on évolue dans un climat détendu et de confiance avec eux. Ils sont sérieux quand il faut l’être et ouverts au dialogue comme aux plaisanteries le reste du temps. Et la totalité du staff, qu’ils ont choisi, est raccord avec ce fonctionnement. Avec eux, on est à la fois libre et responsabilisé. J’avais signé ici pour ça et je ne le regrette pas. Je n’ai pas prolongé pour rien jusqu’en 2013 avec une option sur 2014 dès l’hiver dernier. D’autant que je me sens bien à Castres, un coin tranquille, à la campagne, loin de l’agitation de Toulon.



Terminons sur l’équipe de France que vous avez découverte sous l’ère Lièvremont avant de louper le Mondial et dont un certain Philippe Saint-André, qui n’a pas souhaité vous garder en 2009 à son arrivée à Toulon, prendra officiellement les rênes le 1er décembre...

Quand on a goûté à l’équipe de France, on a évidemment très envie d’y revenir ! Et si possible pour y rester cette fois ! Mais il y a du beau monde au portillon et ça passera en priorité par de grosses performances avec Castres. J’espère que le nouveau sélectionneur me jugera là-dessus et je n’ai aucune raison d’en douter. Si je suis bon régulièrement avec mon club, je pense être une option intéressante à mon poste, avec mes qualités, et je compte faire le maximum pour le démontrer. Le Mondial 2011, c’est un petit regret. Mais il fallait faire l’effort au bon moment. Et je suis ravi que mon pote Alexis Palisson en ait profité. J’espère juste que mon tour viendra en 2015. Là, les compteurs vont être remis à zéro. Et comme pour les chevaux, il faudra être à l’arrivée dans quatre ans, voilà !


Propos recueillis par Jérôme LECLERC


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