Et hop il a joué l’ouverture. Il avait prévenu qu’il y aurait des surprises et même si, dans certains journaux, des noms avaient filtré, il fallait attendre de le voir (ou de l’entendre) pour le croire. C’est fait. A moins d’un an de la Coupe du monde, à dix matches de l’échéance (cf. calendrier), Marc Lièvremont et le comité de sélection ont donc décidé de suivre la politique de l’homme en forme plus que celle de la continuité, à certains postes des lignes arrière en tout cas, pour constituer leur groupe de 31* joueurs appelés à affronter les Fidji (13 novembre), l’Argentine (20 novembre) et l’Australie (27 novembre).
Le rugby commence devant, commençons donc par là : l’ossature est sacrément solide. Jusqu’au dix même, à part le jeune Catalan Jérôme Schuster (5 titularisations en 12 matches depuis le début de saison avec l’USAP), testé en France A cet été, retenu « à la place » du très discret Jean-Baptiste Poux dont on sait qu’il est une doublure efficace en toute circonstance, regardons bien la liste : c’est du costaud, rien à redire. Damien Traille pointe le bout de son nez à l’ouverture, personne ne s’en plaindra. Il apparaît à tous comme le complément parfait de François Trinh-Duc.
Commentaire de Lièvremont : « Damien est le joueur idéal tant il est doué à tous les postes sur la ligne de trois-quarts. Il a les mêmes qualités que François avec un jeu au pied plus long. Nous avons retenu trois arrières de petit gabarit. L’option Traille à l’arrière n’est pas non plus abandonnée. » Bref, il sera « utility back », le grand Traille (des fois qu’il couvre aussi le centre !).
Les deux charnières retenues et aussi dites « interchangeables » par Lièvremont, la jeune (Parra – Trinh-Duc, 11 titularisations communes en bleu, 7 de rang depuis 2010) et l’expérimentée (Yachvili-Traille, « qui ont l’avantage de se connaître à la perfection »), devraient se partager les deux premiers matches. Concernant Yachvili, Lièvremont a tout de même précisé : « Il est un parfait animateur de ses avants, il faudra qu’il se fasse violence pour animer aussi le lien avants – trois-quarts. »
C’est au-delà, donc, que débutent les expérimentations en l’absence de Poitrenaud, qui nous semblait plutôt fringant avec le Stade Toulousain, Clerc pas si mal, Malzieu en forme et Bastareaud et « son potentiel unique » à qui on reproche son manque de sérieux, soit quatre « piliers » du dernier Grand Chelem laissés sur le bas côté. Pour rassurer, il y a bien sûr l’inamovible Yannick Jauzion. A son côté David Marty. Ces deux-là ont déjà été titularisés 12 fois ensemble (notamment pendant la Coupe du monde 2007) au centre de l’équipe de France. Ils font la maille. Mais après… Estebanez ? Est-il si flamboyant en Championnat pour être là ? Rougerie ? Ce sera une première à ce niveau (à moins qu’il soit là aussi pour couvrir l’inexpérience aux ailes).
Et le fond du terrain enfin : 29 sélections à six, dont la moitié pour le seul Médard, pas vu depuis un an. Alors qu’on sentait depuis novembre 2009 un resserrement progressif du groupe, la création progressive d’un « club France » évoluant par petites touches, la continuité a été brisée au motif de « la forme du moment ». A une période qu’on pouvait penser le plus propice pour un peu plus renforcer la cohérence née du dernier Grand Chelem. C’est étonnant. Il n’est pas ici question de la valeur intrinsèque des joueurs ou de leur forme actuelle mais les différences sont-elles si énormes pour justifier ce chambardement ? (cf. classement des meilleurs casseurs de plaquage et des mètres gagnés ; Andreu en est étonnamment absent) A dix matches et moins d’un an du Mondial, l’introduction de nouveaux éléments (après, déjà, celles de Porical, d’Andreu et de Palisson plus tôt en 2010) peut paraître osée. Elle dit surtout que le staff actuel, depuis qu’il est en place, de par ses errements, les blessures ou les méformes, n’a toujours pas trouvé son trio de base (lire notre analyse : le triangle du doute).
Souhaitons tout de même de beaux débuts à ces nouveaux, de bons retours à ceux qui reviennent, de bonnes confirmations à ceux qui doivent encore convaincre. Le sélectionneur pense posséder « deux bons tiers, voire trois-quarts du groupe » des trente joueurs qu’il emmènera au Mondial en Nouvelle-Zélande. Emile Ntamack a ajouté que les écartés (ou les blessés) ne l’étaient pas complètement, espérant « un esprit revanchard chez ces joueurs-là pour nous prouver qu’on s’est trompé ».
« On sait que le véritable sprint final commencera en juin, a conclu Lièvremont. Il n’y a pas de raison de ne pas construire d’ici-là mais on a privilégié la forme du moment. On se prépare peut-être une belle migraine avant le Tournoi si les joueurs appelés donnent satisfaction. »
Le XV de France se réunit le vendredi 5 novembre.
* Pour ceux qui n’auraient pas suivi, Szarzweski passe en commission de discipline le lundi 8 novembre pour son coup de tête sur Genevois et pourrait être suspendu.
Le calendrier du XV de France.
Le groupe des 31
Piliers : Domingo (11 sélections), Schuster (0 sél.), Mas (37 sél.), Ducalcon (1 sél.)
Talonneurs : Servat (30 sél.), Szarzewski (48 sél.), Guirado (5 sél.)
Deuxième ligne : Millo-Chlusky (14 sél.), Nallet (56 sél.), Papé (26 sél.), Pierre (9 sél.)
Flankers : Dusautoir (35 sél., capitaine), Bonnaire (54 sél.), Ouedraogo (20 sél.), Lapandry (4 sél.)
Numéro huit : Chabal (55 sél.), Harinordoquy (62 sél.)
Demis de mêlée : Parra (19 sél.), Yachvili (44 sél.)
Demis d’ouverture : Trinh-Duc (22 sél.), Traille (74 sél.)
Centres : Jauzion (68 sél.), Marty (31 sél.), Rougerie (57 sél.), Estebanez (0 sél.)
Ailiers : Andreu (4 sél.), Arias (1 sél.), Huget (0 sél.)
Ailiers/arrières : Médard (14 sél.), Palisson (9 sél.)
Arrière : Porical (1 sél.)
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